mardi 29 mai 2012

Gotta Get Out Of Here / Lucy Hawkins



Fidèles, excusez-moi pour mon absence ces derniers temps mais avec l'apparition soudaine et impromptue de cette grosse boule de feu dans le ciel qui d'un coup s'est mise à réchauffer l'air et raccourcir les jupes des filles, je me suis mis en tête de sortir profiter de l'apparition de la lumière, comme au deuxième jour, plutôt que de faire des U.V. devant mon écran d'ordinateur.

Et donc, j'ai redécouvert que dehors, c'est bien.

Dehors on peut faire des pique-niques dans l'herbe en jouant aux dés et en caressant les chiens qui passent.

On peut chanter Total Eclipse of the Heart de Bonnie Tyler avec son tigre de compagnie et même du Aznavour et faire la chorale sur Bohemian Rapsody comme un staracadémicien au karaoké du quartier et danser sur de la disco dans un bar avec de la moquette au sol.

On peut croiser des robes ou alors des gens avec des couronnes de fleurs dans les cheveux qui se croient dans des péplums italiens des années 60.

Et tout ça, mes enfants, ce n'est pas en restant dans un appartement qu'on peut le vivre.

Pensez-donc, rester enfermé alors que l'on peut se balader au bord de l'eau, boire des verres au Mc Do en terrasse et croiser des jambes, des vélos, des lunettes de soleil, des petites sandales, des robes (oui, il y en a beaucoup en ce moment) ou des jupes, des ballons, des rires, des boissons aux couleurs d'oiseaux des îles, des rues qui ressemblent à des plages, des parcs comme des bords de mer et des chansons.

Alors je compte encore profiter de ce phénomène planétaire rare quelques jours encore et sortir pour réchauffer ma peau.

Et un petit peu ma tête.

lundi 21 mai 2012

Dead End Friends / Them Crooked Vultures



Il est toujours agréable de croiser par hasard dans la rue des amis que l'on a pas vu depuis longtemps.

Surtout quand cet ami, à qui l'on a mille choses à dire, tant de choses que l'on ne sait par où commencer, vous dit avec un grand sourire et toute la spontanéité du monde "La vache, mec, t'as pris un sacré coup de vieux!" et  résume ainsi une conversation de mille mots.

Surtout quand cet autre ami passe à l'improviste chez vos parents alors que par le plus grand des hasards vous y avez posé vos bagages pour le week-end et à qui vous auriez aussi mille choses à raconter, tant de choses que l'on ne sait par où commencer et qu'alors, il vous présente son adorable fils de 11 mois.

Et résume ainsi une vie de mille choses.

Il est tellement agréable de croiser par hasard des amis que l'on a pas vu depuis longtemps que lorsque vous croisez par hasard des gens qui ne seront jamais vos amis et vous piquent votre carte bleue, vous vous dites que oui, la vie est belle, pas parfaite, mais parfois bien faite.

Il suffit de croiser les bonnes personnes.

lundi 14 mai 2012

Never Can Say Goodbye / Isaac Hayes (Jackson 5 cover)



Mesdames et messieurs, la vie est belle alors aidez-là en la vivant avec classe.

Chaque jour, nous avons assez d'exemples de personnes dont la rustrerie néandertalienne contamine notre ordinaire pour se permettre d'exiger de notre part un petit effort, un supplément d'âme désintéressé en essayant d'être un peu classe et de s'élever au-dessus de ce que les autres sont en droit d'exiger de vous.

Et quelle meilleure définition qu'un exemple concret et pertinent?

Hier, dans un stade de foot de l'autre côté des alpes, à Turin, il y a eu un moment d'une grande émotion et d'une grande dignité.

Hier, Alessandro Del Piero, 37 ans, a joué son dernier match sous le maillot de la Juventus de Turin.

Et croyez-le ou non, mais si l'on devait chercher une source d'inspiration quand il s'agit d'agir avec élégance et de s'élever un petit peu au-dessus de ce que les autres sont en droit d'attendre de vous, ce joueur de football pourrait avoir une bonne place.

Mr Alessandro Del Piero a porté le maillot de la Juventus de Turin du 12 septembre 1993 au 14 mai 2012.

19 années à porter la tunique noire et blanche du club de la vieille dame.
704 matchs.
290 Buts.

Il a tout donné à son club, fidèle jusqu'au bout.

1995, le club gagne le championnat. Il le gagnera encore en 1997, 1998, 2002 et 2003

En 1996, il gagne la Ligue des Champions. Ce sera la seule fois qu'il soulèvera la coupe aux grandes oreilles.

En 1998, il se blesse en plein match. Les ligaments croisés antérieurs qui lâchent.
Il mettra 9 mois à revenir, travaillera comme un acharné pour retrouver son niveau mais avouera lui-même qu'il y a un avant et un après ce 8 novembre 1998.

En 2006, plombée par les scandales des matchs truqués, la Juve est reléguée en Série B (l'équivalent de la 2ème division) avec un handicap de 9 points.

Del Piero et quelques autres (Gianluigi Buffon, le gardien qui arrête la tête stratosphérique de Zidane en finale de coupe du monde 2006 à la 103ème minute, Pavel Nedved, David Trezeget pour les plus célèbres) décident de rester, de diminuer leurs salaires et de rendre à Turin ce que le club leur a donné.
(Pendant que d'autres, moins nobles comme Fabio Cannavaro ou Zlatan Ibrahimovic préfèrent s'exiler là où les billets sont plus verts...)

Ils finiront champions de Série B la même année et reviendront aussitôt dans l'élite.

Del Piero a alors 34 ans et est au top de sa forme. 21 Buts. Meilleur buteur de Série A pour la saison 2007-2008.

Si il est un joueur emblématique du club, l'âge va pourtant le rattraper.

Au début de cette saison, le nouvel entraîneur Antonio Conte, son ancien coéquipier dans ce même club, le place au poste de remplaçant.
Remplaçant de luxe, certes, mais remplaçant quand même.

Et parce qu' Alessandro est noble, il accepte sans broncher, rentre quand son coach lui dit de rentrer et marque encore.
Parce que plus que tout, il veut tout donner à son équipe dès qu'il en a l'occasion.

A 38 ans.

Le président annonce alors que cette saison sera la dernière de l'Italien sous le maillot du club.

Les tifosis n'osent y croire et pourtant c'est vrai, leur numéro 10 va finalement tirer sa révérence (ou partir vers d'autres terrains...)
Après 19 ans.

Après toute une vie.

Ce qui nous amène donc à ce fameux match d'hier.

Conte nomme Del Piero titulaire, lui donne une dernière fois le brassard de capitaine et l'envoie sur le terrain.

Et à la 28ème minute, Alessandro Del Piero marque son 289ème but pour la Juventus.
290ème en tant que professionnel.

Le stade explose et se lève pour saluer le plus grand joueur de l'histoire du club.

A la 60ème, Conte offre alors à son capitaine la sortie qu'il mérite.
Le satde est debout, crie, chante, pleure.

Del Piero salue, les joueurs adverses traversent tous le terrain pour le saluer une dernière fois et il va rejoindre son banc comme un jour normal.

Le match reprend mais tout le monde s'en fout, le stade continue d'être debout, de crier, de chanter et de pleurer.

Alors une dernière fois, le soldat se lève vers eux et les salue.

(et là, moi, je chialais.)






Hier, c'est plus qu'un grand joueur qui a tiré sa révérence.
C'est un état d'esprit.

Des valeurs.

Pensez-donc, un type qui reste 19 ans dans le même club (surtout un très grand club) même dans les moments durs comme une relégation administrative, qui accepte tout sans broncher par amour du maillot, du club et des supporters, ça parait totalement fou à notre époque ou de jeunes prodiges passent d'un club à l'autre sans état d'âme, à la recherche du contrat le plus juteux et des sponsors les plus attrayants.


Hier, Del Piero est donc sorti par la grande porte.

Mais il n'était pas le seul.

Le Milan AC de son côté a vécu une véritable hécatombe:

Filippo Inzaghi, 38 ans, 11 ans au club, marque son seul but de la saison pour son dernier match, à Milan.
Alessandro Nesta, 36 ans, 10 ans au club.
Gennaro Gattuso, 34 ans, 10 ans au club, il finira la rencontre en larmes.
Clarence Seedorf, , 36 ans, 10 ans au club.

Des chiffres incroyables.
Des folies.

Oui, mesdames et messieurs, je pense qu'il est nécessaire de s'élever dans notre vie de tous les jours.

De faire preuve de classe et de donner plus que ce que les autres sont en droit de vous demander.
Car ce n'est pas de cela dont ils se souviendront.

Mais c'est de tout cela dont nous serons fiers.

Ce sont des joueurs de foot qui me l'ont prouvé hier.


Ciao, artisto.






mercredi 9 mai 2012

It's too hot for words / Billie Holiday








Internet est parfois bien étrange, sorte de triangle des bermudes intangible, abysse insondable où se perdent des voyageurs inconscients et parfois analphabètes.

Ou des farceurs.

Aujourd'hui quelqu'un est arrivé sur mon blog dans les méandres du réseau en tapant les mots magiques suivants dans son navigateur:

"Singe ki se gratte le cul."

Notez la classe absolue de ces quelques mots.

Alors je ne vais pas me demander pourquoi cet individu, certainement solitaire, s'est amusé à taper cette phrase formidable, sans doute à la recherche d'une explication scientifique expliquant en profondeur (hum...) en quoi se gratter le fondement chez un primate peut être perçu comme une manifestation sociale de mâle dominant.

(pour plus de précision, je vous invite à regarder Maître Collard parler, il fait très bien le cul de singe.)

(Notez -bis- que je suis moi-même de nature proctophile puisqu'il m'arrive aisément d'interpeller mes compatriotes avec la délicate expression "trou du cul" qui leur sied souvent à ravir et me soulage rapidement quand j'ai le "enculé" qui me démange.)

Ou alors cette personne voulait tout simplement voir une vidéo rigolol prise avec un téléphone portable dans un zoo ukrainien, comme celles avec des chats tout débiles qui tombent en dormant ou sautent dans tous les sens sans trop savoir pourquoi.

Je passerai aussi sur l'orthographe hasardeuse de mon visiteur (teuse?) ne cherchant à l'accabler plus (après tout l'analphabétisme est un réel fléau, regardez les malheureux qui, confondant certainement les mots "précarité" et "immigrés" -après tout, ils finissent en "-é" - pensent qu'on leur a piqué leur boulot, leurs allocs et leur cerveau.) et irai droit au coeur de ce qui me turlupine:

Comment "Singe ki se gratte le cul" peut-il mener directement à "La Chanson du jour de Moyenman?"

Surtout qu'à aucun moment, il ne me semble avoir évoqué un quadrumane atteint de fortes démangeaisons anales.

Dites-donc, moteurs de recherche, vous ne m'auriez pas fait une petite blague?

Mr Google, c'est vous?

Non, parce que que l'on me retrouve en cherchant "Einstein" "Génie" "Tigre" ou "comment faire pur que quotidiennement, la vie soit belle?" , je peux aisément comprendre.

Mais avec "Singe" "Gratte" et "Cul" dans la même phrase, ça me laisse dubitatif.

Mais je ne suis pas homme à me formaliser et vais donc me dire qu'avoir la visite d'amoureux des bêtes scatophiles de surcroît, c'est toujours une visite de plus.

Chers amis, lecteurs, famille, faîtes donc ma pub, j'ai exprès parlé de cul dans mon texte.

mercredi 2 mai 2012

Where Have all the Good Times Gone? / The Kinks



Toi qui n'est pas encore né, toi qui est juste assez âgé pour t'enfoncer des crayons dans le nez avec la joie absolue de celui à qui il arrive la plus belle chose du monde, toi, né après la victoire de la France en coupe du monde de foutchabôal, cette chanson t'es dédiée.

Car crois-moi jeune insousciant(e) , tu n'as pas fini d'entendre qu'avant, c'était bien et que maintenant, ça pue.

Tu n'as pas fini d'entendre les longues plaintes mornes de ceux qui ont connu l'époque bénie des 205 GTI, de l'eurodance, des survêtements fluos et des boissons en poudre. Epoque incroyable où l'Equipe de France jouait vraiment bien au Foutchebôal.

Oui, on te le dira que tu n'as pas de bol, car tu es né au milieu des pluies acides, de la mer mazoutée, des inégalités, de l'obscurantisme, de la crise politique et du non retour de Burger King en France.

Tu verras tes parents se souvenir avec émotion d'une époque où le chômage n'était qu'à 9%, les loyers à 500 euros les 15m2 dans la capitale et où un bidon d'essence non frelatée ne causait ni aggression, ni meurtre barbare dans des rues sordides et sans lumières.

Ils te raconteront des histoire formidables où la nourriture était saine, même au fast-food, où la politique était le terrain d'échanges profonds visant à élever le citoyen et à en tirer le meilleur.

Je te dédie cette chanson, jeune, car je ne veux pas que tu t'inquiètes.

Pendant que les Kinks chantaient, on comprenait tout juste ce qu'il s'était passé à Dachau et à Auchwitz, le monde avait tremblé pendant une semaine 4 ans auparavant, se demandant si le feu qui vient du ciel allait tout embraser à cause d'une baie astucieusement appelé "des cochons", le napalm pleuvait au Viet-Nam et l'on se demandait encore si les afro-américains avaient le droit d'aller dans les mêmes toilettes que les blancs et de suivre les mêmes études tandis qu'en France, on faisait des expériences pour savoir si les algériens flottaient dans la Seine.

Rassures-toi jeune, tu connaîtras forcément un moment dans ta vie (qui correspondra normalement à l'arrivée de boutons disgracieux sur ton visage, je te préviens, d'une envie de rébellion à coups de "vieux cons" au son de ta voix éraillée qui mue lancé à tes parents, tes profs, ton facteur et tout ce qui  plus de 18 ans et pas de nichons -si tu seras un garçon, jeune- et d'une coupe de cheveux approximative et surtout moche pour afficher ton besoin d'indépendance.) où tu diras "non mais trop pas cool, quoi, c'était quand même mieux avant, pas lol" en écoutant les vieux Michael Jackson et Jay-Z de ton illustre père.

Alors je te donnerais raison.

Au moins pour la musique.






































Et puis pour ne pas être hors-sujet un jour de débat présidentiel, hop, petite leçon de politique...