samedi 28 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 2 Keepin' the Faith / De La Soul



De La Soul.
Encore un Trio.
Encore des New-Yorkais.



Ce que j'aime par-dessus tout dans le Rap et le Hip-Hop, c'est que cette musique est profondément positive.
Une musique faite avant tout pour s'amuser et faire la fête.

Bien sûr, elle s'est aussi politisée, est devenue revendicatrice a gardé son statut d'insoumise et rebelle.
Bien sûr, elle est devenu un business monstrueux qui pèse des milliards de dollars et qui propulse ses plus grandes stars dans les stratosphères du monde des finances (et de la politique) mais ce qui fait avant tout sa réussite, c'est son insouciance.

Ecouter De La Soul (et en particulier ce morceau) c'est oublier qu'il y a école le lendemain, oublier que le chauffage est en panne, qu'il n'y a plus de bière dans le frigo et que la voisine vous a collé un vent.

Leur premier Album, 3 feet high and rising sortui en 1988 pourrait presque s'apparenter à une version hippie des disques du label Sugar Hill records (Le premier Label de rap, avec des légendes comme Sugar Hill Gang, Grandmatser Flash ou le Crash Crew), avec leurs boucles Jazzy, leurs paroles sociales-mais-drôles et leurs chemises à fleur.
Mais surtout cet album, à cause de la quantité colossale de samples qui y sont utilisés, va être le premier à poser la question des droits d'auteurs dans le sampling.

C'est du deuxième Album De La Soul is Dead (1991) qu'est tiré ce refrain entêtant. Peut-être leur meilleur album à ce jour.

Je ne vous raconte pas combien de fois j'ai pu siffloter ce petit air dans la rue, confiant dans mon destin et sûr de mon chemin.
Parce que j'étais insouciant.


Notez qu'il existe une excellente version alternative de ce morceau, où la chanteuse Vinia Mojica s'occupe du chant.




Alors avec De La Soul, impossible de vous tromper.
Avec eux vous rentrez dans l'histoire du Rap, au coeur de ce qu'il n'a jamais cessé d'être.
Une musique fun, pour danser et faire la fête.

D'ailleurs Damon Albarn, le petit génie Anglais derrière Blur ou The Good, The Bad and The Queen ne s'y est pas trompé non plus lorsque, armé jusqu'aux dents des sons futuristes et des grooves atomiques du producteur Dan The Automator, il débarque avec son projet Gorillaz et cherche à pulvériser les enceintes de la planète entière en demandant au trio de New-York de collaborer au tubesque Feel Good Inc.

Un titre qui, l'espace de 4 minutes, me ramène en 1993, à siffler un petit refrain dans la rue.





mardi 17 septembre 2013

Moyen Kiffe le Hip-Hop - Episode # 1 Sure Shot / Beastie Boys




Il y a quelques jours, j'assistais joyeusement au concert d'Eminem dans un Stade de France chauffé à blanc (en compagnie, joyeuse elle aussi, de mon Hobbes de la vie qui aime elle aussi les "bitch" du rappeur blanc de Détroit lancés à la cantonade et à peu près tous les 7 mots et demie.)
Dans quelques semaines, je retourne voir le King, l'Empereur, la légende Jay-Z avec joie et ma frangine.

Je me disais alors combien j'aimais ce son, ses paroles syncopées, sa musique rythmée/scratchée/torturée et combien le Hip-Hop avait été important pour moi.

Mais pourquoi?

Alors je vous propose un voyage dans le temps, façon je danse le Mia, pour vous présenter les 10 titres historiques, qui m'ont collé une claque dans les oreilles et m'ont rendu un peu plus accro à chaque fois.

10 titres qui ne quittent pas mon Ipod.

Je commence donc avec Sure Shot des mythiques Beastie Boys.

J'ai découvert ce titre au collège.
En 3ème.
En 1994.
(fichtre, ça ne nous rajeunit pas, hein?)

A cette époque, Internet était un délire de Science-Fiction, les CD arrivaient à peine, on avait encore les images de la Dream Team qui avait pulvérisé la notion de sport 2 ans auparavant à Barcelone (et l'on attendait encore que Michael Jordan retombe sur Terre.) et on s'échangeait dans la cour du bahut des cassettes audio.
La cassette audio, jeune, est un objet bizarre en plastique à l'intérieur duquel défile une bande magnétique sur laquelle on pouvait enregistrer de la musique.
On se les échangeait comme les gosses s'échangent maintenant des Pokémons. Le but étant de trouver LE son que l'autre n'a pas, de découvrir le groupe qui remue la tête de tout le monde là-bas, à Babylone-la-grande, que l'on ne voyait que dans les films et qui avait encore ses tours jumelles.

Je découvre donc Sure Shot en 1994, année de la mort de Kurt Cobain et de Jack Kirby.
Sur une cassette échangée à la récré et le choc va être violent.

Cette chanson représentait ce que j'avais attendu toute ma vie.

Il y avait les grosses guitares et la batterie déchaînée comme dans les chansons que mes parents m'avaient fait découvrir et que j'avais continué à aimer (Le Nevermind de Nirvana tournait en boucle dans mon baladeur...), il y avait de la rage et du fun qui résonnaient en moi, jeune que j'étais et surtout il y avait le scratch.
Un son indescriptible, incroyablement cool et malpoli et tellement futuriste.

Sure Shot est tirée de l'album Ill Communication, sorti en 1994.
Je découvre alors les Beastie Boys, ce groupe de Brooklyn composé de Michael "Mike D" Diamond, Adam "Ad-Rock" Horowitz et Adam "MCA" Yauch et deviendra un de mes préférés.
Je les verrai alors 4 ans plus tard en concert à Nancy mais à ce moment-là, je ne le sais pas encore et pour moi, rien que le fait de les écouter est un acte subversif.

J'avais découvert le Rap et le Hip-Hop quelques mois plus tôt avec un autre groupe incroyablement plus vénère (j'y reviendrai plus tard) mais les lascars New-Yorkais représentaient à cette époque, pour moi en tout cas, l'absolu de ce que devait être cette musique:
Rythmée, endiablée, fun, jeune, rebelle et cool.
A l'opposé des Jean-Jacques Goldman et Francis Cabrel consensuels de l'époque.
Et bien loin de ce que les années 90 produiront de pire dans l'histoire de la musique: L'eurodance, dont tous mes camarades de classe étaient dingues tandis que j'écoutais (déjà) Bruce Springsteen et les Stones et que je fouillais comme un damné pour découvrir de nouvelles guitares saturées, des vinyles scratchés et des rythmes funkies.

J'essayais d'expliquer à mon père en quoi le hip-hop a été aussi important pour moi.
En fait, il a été pour ma jeunesse ce que les Beatles, Les Stones ou Led Zeppelin ont été pour la sienne: une bouffée d'air frais.

Le 4 mai 2012, Adam Yauch meurt à 47 ans des suites d'un cancer de la gorge.
Ce jour là, une partie de ma jeunesse et de son insouciance sont parties avec lui et j'ai pleuré.
Parce qu'il avait réussi à me faire aimer l'ado que j'étais.





mardi 3 septembre 2013

No More Mr Nice Guy / Alice Cooper



Je me suis toujours méfié des compliments.

Non pas que je sois habitué à crouler sous un déluge d'éloges ou que je remette en doute la sincérité de la personne qui me les adresse, mais j'ai toujours pensé que les compliments exprimaient surtout ce qu'ils ne disaient pas.

Par exemple, si sur votre bulletin scolaire, en Education Physique et Sportive, vous aviez un fantastique et rayonnant "Volontaire" qui remplissait la case des appréciations de votre professeur, vous leurrez pas, ça voulait surtout dire que le Sport n'était clairement pas fait pour vous (enfin, la pratique surtout, parce que regarder un match dans un canapé, c'est à la portée du premier blessé venu...) et que malgré tous vos efforts, la perspective de passer un jour sous la barre des 27 secondes et 3 dixièmes au 100 mètres était relativement faible.

C'est comme quand on vous dit que vous êtes sympas.
Faites gaffe.

Vous êtes sympa, c'est vrai, je n'en douterai pas une seule seconde, mais sympa, c'est comme gentil.
ça veut simplement dire que finalement, vous êtes quand même un petit peu relou, un petit peu un boulet et puis d'ailleurs, si vous pouviez ne pas venir ce soir à la soirée de Simone, ça arrangerait tout le monde.

Parce que dans ce que la vie a de torturé et de pervers, il faut bien reconnaître que le mec sympa, ben il ne gagne pas.
(à moins d'être Martin Luther King ou Nelson Mandela, d'être un esprit comme on en rencontre tous les 50 ans, d'accepter de casser des cailloux pendant des piges ou de prendre des bus réservés aux noirs pendant toute sa jeunesse avant de se lever fièrement et, grâce à quelques mots magiques sortis de votre bouche et gravés dans l'histoire, de porter des peuples, des nations et des espoirs sans que votre sympathie ne soit jamais remise en doute.)

Le mec sympa ne gagne pas, donc, et c'est bien là le drame.
Le mec sympa, il ne fait pas carrière.
Le cow-boy sympa ne part pas avec la fille -généralement une institutrice ou une tenancière de bar- à la fin du film.
Il meurt sottement pour déclencher la fureur du cow-boy moins sympa qui, ivre de colère, va montrer qu'il est quand même un peu sympa et ira venger son ami en allant flinguer ce sale Mad Mike et ses hommes de main dans une fusillade héroïque où il héritera d'une balle dans l'épaule et de la fille à la fin.
(notez que ceci marche aussi dans les films policiers où le policier sympa prend une balle / se fait enlever / explose dans sa voiture, choisissez votre situation préférée, et le policier moins sympa devient encore moins sympa (mais il est sympa quand même vu qu'il veut venger son ami qui, soit dit en passant, n'était pas du tout son ami au début du film vu qu'il n'est pas sympa, vous suivez?) et va massacrer ce sale trafiquant de drogue de Mr Mike et tous ses sbires dans un déluge de feu et de sang. Il héritera d'une balle dans l'épaule et de la fille à la fin.)
Le mec sympa, il ne devient pas rappeur.
Le mec sympa ne devient pas pilote de chasse. Il devient le mécano du pilote de chasse. (marche aussi avec les pilotes de voitures de courses.)
Le mec sympa n'est pas Steve McQueen ou John McLane.
Ou Don Draper ou Mr Big.
Le mec sympa, c'est Joséphine Ange Gardien ou Screech de sauvé par le gong et c'est pas de bol.

Non, vraiment, le mec sympa, à la fin, il ne gagne pas.

C'est pour ça que je n'aime pas qu'on me dise que je suis sympa.

dimanche 1 septembre 2013

Heart of Mine / Bob Dylan



"Volonté d'acier, mais coeur en papier."
                                                                            Proverbe Moyen




Si, effectivement, ma volonté blindée trempée dans le plus dur des aciers me permet de gravir des montagnes et de regarder ce qu'il s'y trame dans la verte vallée qui se cache derrière, je dois avouer que je souffre parfois de faiblesse chronique qui me rend vulnérable aux émotions.

(La joie d'une visite d'une amie dans la capitale, Eminem dans un Stade de France avec Hobbes (et je vous prépare d'ailleurs une spéciale "pourquoi j'aime le Hip-Hop" pour les prochains jours) un téléscope, un sourire et des balades, la découverte d'une nouvelle bière ou encore la satisfaction de trouver un vinyle recherché depuis longtemps, un comics perdu dans un carton sur un bout de trottoir, un pot de miel, une conserve avec une tête de vache et la fierté de ne pas avoir plié dans les situations les plus sérieuses par exemple)

Faiblesse ridicule, avouons-le puisqu' après tout, le mental d'un roc n'est pas compatible avec l'émotivité exacerbée d'une fillette qui assisterait impuissante au massacre de bébés phoques.
Mohammed Ali, il chialait devant le massacre des bébés phoques, lui?
Ben non, il collait une trempe aux massacreurs de bébés phoques à leur passer le goût du gourdin et à occuper leurs 3 prochaines années en rendez-vous réguliers chez le dentiste pour essayer de retrouver un sourire humain et leur réapprendre à mâcher.

Si votre esprit vous joue des tours en faisant de vous un champion, votre coeur en fait des pires en faisant de vous un enfant qui pourrait chouiner devant la mort (atroce) de peluches blanches (pas si mignonnes, faut pas déconner) qui feront de très jolis manteaux.

Il est donc temps pour moi de le laisser se reposer un petit peu, à l'ombre d'une Cathédrale et d'une guirlande lumineuse de guinguette.

Les enfants, je rentre chez moi.

A Toul-c'est -cool.

Et alors que je m'apprête à monter dans le tégévé qui filera comme le vent, je sais que je vais me faire du bien.

Et que je serai plus fort quand je reviens.