vendredi 18 septembre 2015

Hit and Run / Loleatta Holloway



La Coupe du Monde de rugby commence aujourd'hui.

6 semaines de joie, bonheur, pintes de bières et tampons dans le menton.

Alors pour fêter ça, voici mes 5 moments préférés de la Coupe du Monde de Rugby
(notez que j'ai volontairement omis les coupe du monde de 1987 et 1991, qui contiennent pourtant leur lot de moment cultes, parce que je ne les ais pas vécues en direct comme les autres, l'émotion à posteriori étant quand même moins forte que la mandale du moment même...)


18 Juin 1995: Demi-Finale Angleterre - Nouvelle-Zélande

Le Jour où Mike Catt est devenu un tapis humain.

La veille, l'équipe de France a vécu une demi-finale dantesque face aux Springboks, futurs vainqueurs de l'épreuve. Dans des conditions apocalyptiques, sur  un terrain transformé en piscine olympique par des trombes d'eau, les bleus encaissent le défi physique ahurissant imposé par les Sud-Africains mais se voient refuser 3 essais tandis que celui accordé à Ruben Kruger n'était pas valable. L'équipe de Christian Lacroix, auteur de 15 points avec 5 pénalités marquées s'incline 19-15.

Le 18 juin, donc, la deuxième demi-finale oppose le XV de la rose aux All Blacks. Et depuis le début de la compétition, on assiste à la naissance d'un phénomène hors-norme.
Jonah Lomu, Néo-Zélandais d'origine Tongienne.
Un monstre d' Un mètre quatre-vingt-seize pour cent vingt kilos qui abat le 100 mètres en moins de 11 secondes et qui a à peine 20 ans à ce moment-là.
Peut-être la seule vraie star planétaire de ce sport où l'individualité disparait au profit de l'équipe.

Les blacks sont sur un (long) nuage (blanc) quand ils entrent sur la pelouse face aux Anglais.
Ils ont écrabouillé tous leurs adversaires avec une facilité effrayante et leur ailier vedette (parce que oui, cet autobus humain n'est ni deuxième ligne, ni troisième ligne, mais bien ailier. Des mensurations hors-normes pour un joueur de ce poste.) est en train de se satelliser à la vitesse de la lumière autour de la planète ovale.
Mais les exploits qu'il a accompli jusqu'à présent ne sont rien en comparaison de ce qu'il s'apprête à faire.

Les Anglais croient pourtant en leur chance, surtout qu'ils sortent de 3 grands chelems glanés dans les 5 éditions précédentes du tournoi des 5 nations et règnent sur l'Europe.

Ils comptent donc bien montrer à leur adversaires qu'il faudra compter avec eux et aller chercher la victoire ne sera pas chose aisée, bloody hell!

Cet état d'esprit guerrier god dammit tiendra deux minutes.

Graeme Bashop, le demi de mêlée du XV de la Fougère, sentant le coup à jouer au large catapulte alors Lomu qui peut mettre en marche son incroyable énergie cinétique.
Un premier Anglais tente de le bloquer, il sera balayé d'un raffut dévastateur.
Arrive alors le capitaine Carling, qui, à 30 ans, ne peut rivaliser avec la vitesse de course de l'Homme-Montagne. Mais sa tentative ne sera pas vaine et une cuillère désespérée déséquilibre le géant.
Lomu a vu sa vitesse réduite de moitié, perd ses appuis et déjà Mike Catt, dernier rempart de la forteresse anglaise, se dresse sur sa route.
Lomu l'enfonce alors comme une vulgaire porte en balsa et lui marche littéralement dessus avant d'aller aplatir tranquillement dans l'en-but.
Pas au sens figuré. Non, le pauvre Catt doit encore avoir une empreinte de pied, pointure 52 fillette sur le torse.

Les Anglais de s'en remettront jamais et Lomu marquera encore 4 essais, scellant la victoire des All Blacks 45 à 29.

Et alors que tout le monde les voit alors favoris pour remporter le titre, il faudra l'esprit d'un peuple, le souffle de l'histoire et le leadership de deux hommes, un noir et un blanc, Mandela et son capitaine François Pienaar, pour les arrêter dans leur course folle.



31 Octobre 1999: Demi-Finale France - Nouvelle-Zélande
Le Jour où le XV de France a terrifié les All-Blacks.

En ce jour d'Halloween, le XV de France se retrouve face à à la plus belle collection de monstres de l'histoire.
L'équipe de Lomu, Umaga, Mehrtens, Anton Oliver, Taine Randell, ou Christian Cullen. Un peu comme une dream team, mais en meilleure.

Pour bien comprendre le contexte de ce match, il faut savoir que la France avait fini dernière du précédent tournoi des 5 nations et qu'à l'été, lors de sa tournée dans le pacifique, elle s'était fait désosser sans anesthésie 54-7 par cette même équipe Néo-Zélandaise.

Autant dire que bon, les voir comme favoris face à leurs bourreaux, c'est un poil abusé.

Suite à cette débâcle dans l'hémisphère sud, Fabien Galthié reste en Nouvelle-Calédonie, persuadé, à raison, qu'il ne sera pas sélectionné pour la Coupe du Monde.

Mais suite à diverses blessures, il est rappelé et prendra les clés du camion pour diriger cette équipe à qui on promet un enfer noir.

Un enfer noir qui se concrétise à la 26ème minute lorsque Lomu, toujours lui, s'empare de la balle aux 22 mètres français et pulvérise 5 bleus (dont Ntamack et Abdelatif Benazzi, qui n'ont pourtant pas des gabarits de danseuses étoiles. Benazzi rebondira même comme un vulgaire culbuto en caoutchouc en allant percuter le n°11 néo-zède.) sans même être ralenti dans sa course.

Transformation du génie Mehrtens. 14-10 pour la Fougère.

Et pourtant.

Et pourtant, à la mi-temps, c'est dans les yeux des hommes des antipodes que l'on lit le doute et la peur.

Parce que l'enfer va changer de couleur à la deuxième mi-temps.

Les Français reviennent survoltés, en transe, persuadés qu'ils ont un coup à jouer. Ils hurlent dans les vestiaires: regardez-les, ils doutent! Ils ont peur!

Et le miracle, la magie arrivent.

Tout ce que les français tentent sont des coups au but. Tout ce que les blacks tentent sont des échecs. Les Français sont à présent des guerriers. Des soldats. Une armée. Galthié n'hésite pas à partir au plaquage sur Lomu. Il se retrouve à l'horizontale, flottant comme un drapeau derrière le joueur prodige, mais le fait tomber. Au contact avec Umaga, Richard Dourthe revient avec une poignée de dreadlocks du colosse dans les mains.
Les valeurs de l'Ovalie, en somme. (respect de l'adversaire, fair-play, rester digne dans le défaite, fier dans la branlée et impliqué quand on colle une fourchette dans les yeux de son opposant.)

Le match est une folie. Une guerre.
Et les blacks ne voient plus le ballon. La furia française les bouscule, les écrase comme une avalanche. Ils cherchent des solutions qu'il ne trouveront jamais pour endiguer les attaques bleues.
Submergés par ces 15 fous furieux qui vont au sacrifice sur chaque ballon, sur chaque contact, ils capitulent petit à petit.
Il semble que les français sont finalement devenus les All Bleus.

43-31.

La plus grande équipe du monde, peut-être de tous les temps est détruite. En lambeaux.

En finale, les français s'inclineront presque logiquement contre l'Australie et la magnifique paire Larkham - Gregan.

Mais ça n'a finalement pas d'importance. Ils avaient joué le plus grand match de l'histoire de leur sport.

Et ils l'avaient gagné.



22 Novembre 2003: Finale Australie - Angleterre
Le jour ou Jonny Wilkinson est devenu Sir.


Nous sommes en prolongation. 17-17. L'Australie, tenante du titre, rêve d'être la première équipe à conserver son titre, qui plus est sur ses terres.


Et à la 99ème minute, un jeune génie de l'ovale, un gentleman, une classe vivante claque un drop stratosphérique et envoie le XV de la Rose sur le toit des Dieux.

Le monde se souviendra de lui pour cette élégance des grands, ce fair-play exemplaire, son professionnalisme, son intelligence, dans le jeu et dans la vie au point de s'intéresser à l'Astrophysique alors qu'il est en pleine dépression pour y trouver le salut.

Le monde se souviendra de Monsieur Jonny Wilkinson et un genou à terre, le monde remerciera le sujet de Sa Majesté d'avoir ainsi ébloui et embelli le jeu.




07 Septembre 2007: Matche de Poule, Ouverture de la Coupe du Monde: France - Argentine
Le Jour où le Puma a mangé le Coq


J'aurais pu vous parler du monstrueux quart de finale entre La Nouvelle-Zélande et la France, à Cardiff, qui verra les bleus (encore) croquer la fougère pour filer vers la demi-finale, surtout que ce souvenir est bien meilleur que ce match d'ouverture, mais il faut parfois rendre à César ce qui appartient aux Argentins, ce petit Pays de la planète Rugby, mais au coeur énorme.


Pour moi, le match se gagne dès les hymnes. Les Hommes d'Augustin Pichot, surnommé le Petit Napoléon et capitaine de cette équipe des pumas sont en larmes. 
Transcendés par l'émotion il réalisent ce jour-là le premier exploit de leur coupe du monde. Terrasser l'Equipe de France, jugé pourtant favorite sur ses terres.

Les bleus croiseront à nouveau les fauves lors du match pour la troisième place et subiront à nouveaux les coups de griffe des argentins.

Cette équipe, composée à l'époque d'une partie d'amateurs était peut-être la plus belle de cette coupe du monde 2007. Car elle avait le plus gros coeur.


17 Septembre 2011: Matche de Poule Australie - Irlande
Le Jour où le trèfle a provoqué sa chance

Le 17 Septembre 2011, je suis en Ecosse, à Edimbourg, prêt à découvrir les merveilles et les mystères du Pays des lochs et du Whisky.
Mais coupe du monde en Nouvelle-Zélande oblige, je profite de mes petits-déjeuners pour regarder les matchs.
Assis dans un pub Irlandais, au milieu des maillots verts et des pintes de Guiness dès 10 heures du matin, je déguste mes oeufs et mon bacon et buvant des bières du thé (et quand même quelques bières) devant un petit moment d'histoire.

L'Irlande des soldats est debout. Le Ireland's Call résonne dans le pub. Et Captain O'Driscoll sonne la charge face au monstre de l'hémisphère sud, un des favoris de la compétition avec Quade Cooper, son demi d'ouverture phénoménal.

Avec le courage et la foi en leur pays, les Irlandais vont endiguer les attaques des antipodes, perdre un peu de cuir chevelu et gagner le match.

15-6

Et autour de moi, dans un petit pub à Edimbourg, résonne à nouveau le Ireland's Call, la Guiness et les larmes coulent par tonneaux et les yeux humides au-dessus de mon bacon froid, je me dis que mes vacances commencent très bien...






Voici donc quelques moments d'héroïsme, de bravoure et d'émotion, pour vous donner envie à vous aussi d'admirer les combats et les courses qui brûlent les poumons avec un autobus humain lancé aux trousses, le courage de ces hommes, qui, pour un maillot, une nation, un peu de gloire et d'émotions, iront sacrifier leurs bras et leur cuir chevelu pour se sentir fiers d'être vivants...